Vivre la vie qui me correspond

Il y a 5 ans presque jour pour jour commençait pour moi cette merveilleuse aventure, celle de quitter ce qui avait été mon monde professionnel, social et parfois même ma passion, pour devenir la thérapeute que je suis aujourd’hui.

A l’époque je n’osais presque pas y croire, mais suite à une profonde dépression l’idée de continuer ma vie de la même façon me semblait impossible, j’ai donc sauté le pas. Je donnais alors mes premières conférences, étant dans l’immense gratitude que certains aient pris le temps de venir m’écouter. Je parlais alors de l’équilibre entre matérialité et spiritualité, de donner un sens à sa vie et d’oser croire à tous les possibles.

Je ne savais pas encore à l’époque que j’étais une personne hautement sensible, je ne savais même pas que tout le monde ne pensait pas comme moi, mais quelque chose dans mon cœur m’a poussé à tout quitter. Ce fut immensément anxiogène pour moi qui avais eu l’habitude de tout contrôler, et de pouvoir anticiper, de suivre des procédures et de voir le monde sous forme d’équation mathématique. On me demandait de lâcher ma sécurité matérielle, mon statut social, mon expérience et tout ce pourquoi je m’étais battue si longtemps pour construire.

Tôt déjà je comprenais que je ne pouvais me contenter d’une vie vécue à moitié. A 22 ans j’ai quitté mon emploi horriblement ennuyeux et insatisfaisant pour reprendre des études, j’avais alors emprunté beaucoup d’argent et pris beaucoup de risques, pensant que c’était la seule chose à faire pour ne pas mourir d’ennui pour les 40 futures années. Peu m’ont soutenue, cela semblait fou pour les personnes du tissu social dont j’étais issue que l’on puisse renoncer à une vie bien tranquille et rangée pour se lancer un pareil défi. Moi-même je doutais beaucoup, j’étais paniquée et très anxieuse, j’ai pleuré tous les soirs le premier mois en rentrant des cours, probablement pour soulager la pression que je m’étais moi-même infligée. Mais lorsque 4 ans plus tard j’ai obtenu mon diplôme en étant major de ma promotion j’ai su alors que j’avais fait le bon choix, que je pourrais toujours me souvenir des risques que j’avais pris et à quel point j’avais eu raison, tant mes études m’avaient passionnée et enrichie.

« L’excès de précaution détruit l’âme et le cœur, parce que vivre est un acte de courage. Et un acte de courage est toujours un acte d’amour. » Paolo Coehlo

Heureusement toutefois qu’à l’époque je ne savais pas qu’à peine 10 ans plus tard la quête d’une nouvelle passion professionnelle commencerait à nouveau. Qu’une fois de plus je quitterais ma sécurité et mes repères, mes acquis si chèrement obtenus pour me lancer un nouveau défi. Aujourd’hui 5 ans plus tard, à nouveau, je me sens bénie, remplie de joie et reconnaissante d’avoir trouvé les ressources et la force de surmonter mes peurs et mes chagrins. Ce fut un long chemin semé d’embuches, mais j’y ai aussi découvert l’insoupçonnable, un monde bien plus grand et bien plus beau que ce que je n’avais jamais osé imaginer.

Lorsque j’ai choisi le célibat car aucun des hommes que j’avais rencontré jusqu’ici ne semblait allumer en moi cette flamme que j’attendais, beaucoup ont pensé que j’avais un problème d’engagement, que j’avais des blessures de l’enfance, ou peut-être que j’avais mis mon ambition avant ma vie affective. On me disait que j’attendais le prince charmant et qu’il fallait renoncer à l’homme idéal et parfait. Peut-être avaient-ils en partie raison, j’étais certainement très exigeante. Mais depuis que j’ai rencontré, sur le tard il est vrai, celui qui aujourd’hui partage ma vie, mon quotidien et mon cœur alors j’ai su que j’avais eu raison de renoncer à une forme de stabilité affective, poussée par la pression sociale. J’ai eu raison de croire au Grand Amour, de patienter et de supporter l’isolement que peut représenter parfois le célibat, de supporter les regards et les jugements, parfois la pitié des voisins et l’inquiétude de mes proches. Car le jour où cet homme s’est présenté mon cœur s’est ouvert et j’ai été disponible pour vivre cet amour-là, avec cet homme-là, comme si j’avais toujours su que je ne voulais rien de moins que le Grand Amour.

J’ai appris que renoncer à ce qui n’est pas juste pour soi portait toujours ses fruits, même s’il faut surmonter la peur de ne jamais trouver ce que nous cherchons. Que pour vivre une vie pleine de sens, remplie de joie et de légèreté il fallait nourrir sa foi et son courage. Qu’il fallait renoncer à son confort, à ses illusions de sécurité, laisser son passé derrière soi pour oser nourrir en soi la vision d’un avenir meilleur.

Non seulement mon métier fait beaucoup de sens pour moi, mais j’ai gagné la liberté de mes horaires, la liberté de m’exprimer, la liberté de vivre de la manière qui est juste pour moi et la joie de me lever chaque jour en ayant le sentiment que je fais de mon mieux pour vivre les valeurs qui sont les miennes.

« Pour avoir ce que l’on veut il faut d’abord renoncer à ce que l’on ne veut plus. »