Ces derniers temps, ce mot est sur beaucoup de bouches, notamment suite aux événements inattendus liés au Corona virus. Lorsque je vais faire mes courses, j’ai parfois l’impression d’être dans un mauvais film, un de ces films qui nous montrent des scénarios catastrophes.
Comme j’ai pris l’habitude de ne pas m’abreuver l’esprit des nouvelles du soit-disant monde réel, ce n’est que lorsque je dois affronter ce monde réel en allant faire mes courses ou en allant aux visites pré-natales chez mon médecin que je me souviens que nous vivons une époque sans précédent, ou les gens semblent avoir le sentiment soudain que leur vie est menacée plus qu’auparavant. Ce qui est étrange c’est qu’un virus fasse aussi peur alors que leur mode même de vie, la façon dont nous nous nourrissons, et le stress que nous nous infligeons nous tue bien plus rapidement que ce virus. Mais ces causes sont moins évidentes, plus insidieuses, aussi elles passent inaperçues.
On lit et on entend dans la presse et sur les réseaux sociaux le tout et son contraire. Des récits alarmistes, des récits relatant des théories de complot visant à manipuler toute notre société, qui entre parenthèse l’est déjà depuis bien longtemps, des récits révolutionnaires prédisant l’avènement d’une nouvelle aire, l’élévation de la conscience humaine, et d’autres qui prétendent que ce virus n’aura jamais existé. Il y tant d’information, de contre-information, provenant de tous les milieux, tant médicaux qu’économiques, religieux, ésotériques, chacun y va de son opinion et de son point de vue, persuadé qu’il a compris ce qui échappe aux autres.
Certaines personnes en viennent mêmes à devenir condescendantes, pensant détenir une forme de vérité universelle, niant par la même que certaines personnes souffrent réellement de cette situation, que certaines personnes sont hospitalisées, décédées seules et sans les soins qui auraient dû pouvoir leur être prodigués, que certaines personnes tentent de faire le deuil d’un parent ou d’un proche dont on ne sait même plus localiser le corps tant certaines régions ont été dépassées.
Toute cette information et contre-information, il est à se demander si cela ne sert pas un autre but, celui de brouiller les pistes sur ces vrais drames de ce monde et ce qui se trame réellement sous nos yeux. Je pense qu’il existe des moyens beaucoup plus simples, et anodins, qui font maintenant partie de notre quotidien pour manipuler les foules, sans avoir recours à des nano-puces dans des vaccins. Les réseaux sociaux, les médias, les tablettes et nos téléphones auxquels nous restons accrochés, comme subjugués, toute la journée, sont d’excellent moyen de diffuser une information et glaner des slogans, de nous influencer, de nous insuffler des besoins qui n’existent que dans nos têtes, de nous faire peur et de nous détourner de l’essentiel, mais surtout de nous-mêmes.
En tous les cas cela révèle une fois de plus notre incapacité à notre échelle de connaître les tenants les aboutissants d’une situation de si grande envergure. Nous nous perdons en conjecture alors que personne ne sait réellement ce que ces événements auront comme impacts.
De la même, il est fort à parier que certaines décisions prise lors de cette crise l’ont été pour de mauvaises raisons, pour tenter de calmer l’opinion publique ou de satisfaire les plus influents de ce monde. Le rôle de nos dirigeants n’est certainement pas aisé, même s’ils ne sont pas parfaits ils ont tout de même la responsabilité de prendre des décisions sans eux-mêmes connaître ni l’avenir, ni les retombées, en tentant de protéger au mieux l’économie et la santé des citoyens. Quelque soit la décision qu’il prendront, ils devront attendre pour voir le résultat, sachant qu’ils seront critiqués par l’une ou l’autre des opinions avancées.
Mais ce dont je reste persuadée c’est que la liberté est un état d’esprit, que l’on peut et l’on doit revendiquer cette liberté d’esprit, et qu’elle n’est réellement pas entravée par le port ou non d’un masque sur le visage, ni même d’un confinement partiel ou entier. Nelson Mandela, un des hommes les plus inspirés et intelligents de ce monde était parvenir à atteindre cet état alors même qu’il était emprisonné dans des conditions difficiles.
Cela revient à se demander de quoi nous parlons lorsque nous revendiquons ainsi notre liberté. La liberté se gagne en se libérant de ce qui nous emprisonne, des illusions de contrôle et nos propres limitations, des conditionnements, au prix d’un travail intérieur parfois douleur et demandant beaucoup de persévérance. On nous vent une spiritualité new age, de pseudo slogans qui font bonne figure pour nous faire croire qu’en allumant un peu d’encens et en pratiquant 10 min de méditation par jour grâce à une application nous éveillons les consciences, alors que le vrai travail intérieur est bien différent, plus exigent, et comme le disait Carl Gustave Jung impopulaire, car il nous demande d’affronter non seulement notre propre ombre, mais ce faisant celle du monde.
Des périodes comme celle que nous vivons nous met tous face à nous-même. A nos propres peurs, elles nous enseignent et nous font évoluer quoi qu’il en soit. Alors que nous nous sentions en sécurité, nous réalisons que cette illusion de sécurité était basée sur des éléments extérieurs. Alors que nous tenions pour acquis de prendre nos parents dans nos bras, de nous serrer la main pour nous dire bonjour, de pouvoir accéder à des soins et de dire aurevoir à ceux que nous aimons avant qu’il ne passe dans l’autre monde, toutes ces évidences se sont retrouvées mises à mal. Que nous reste-t-il alors de notre vision du monde ? Comment retrouver une sécurité plus profonde, plus réelle, moins conditionnées ? Comment retrouver notre liberté d’esprit alors que beaucoup de nos privilèges, même celui de pratiquer notre métier et de gagner notre pain nous sont retirés ?
Voilà tant de questions pour lesquelles je n’ai pas encore de réponse. Toutefois étant sur le point de mettre au monde un enfant dans cette période troublée je ne peux me permettre de me laisser ensevelir par l’anxiété et les délires les plus optimistes, ni les plus pessimistes, car il est important que nous restions tous maîtres de notre destin et de nos pensées. Interrogeons notre propre intérieur, restons liés à nos convictions profondes, refusons de tomber dans les explications faciles et illusoires, demandons-nous vraiment de quoi le monde est fait ? Quel est le but ? Quel est le sens ? Peut-être les vraies réponses nous échapperont toujours, mais mieux vaut douter qu’avoir de fausses convictions. C’est en cela aussi que réside notre liberté. C’est une liberté de l’esprit, celle de rester maître de nos pensées malgré l’acharnement à nous manipuler.
« Ce qui doit arriver arrivera, malgré vos efforts pour l’éviter. Et ce qui ne doit pas arriver n’arrive pas, malgré nos efforts pour l’obtenir. » Ramada Maharashi