Durant mon parcours de développement personnel, débuté il y une vingtaine d’années, j’ai eu l’occasion d’être suivie par plusieurs thérapeutes, de suivre des écoles différentes, et de fréquenter des personnes professionnelles dans l’accompagnement de personne avec des approches très différentes. Souvent d’ailleurs chacune d’elles pensait détenir LA méthode. J’ai eu la chance de découvrir, et parfois de me former dans diverses disciplines, de la psychanalyse en passant par la thérapie énergétique, le chamanisme, l’hypnose, le magnétisme, la médecine psychiatrique, l’EMDR etc. Chacune de ces discipline, et avec elle une personne sont arrivées dans ma vie pour m’apporter des clefs, et en chacune de ces personnes j’ai donné toute ma confiance, parfois démesurément. A chacune j’ai attribué « la connaissance absolue ». Comme si ces personnes pouvaient savoir mieux que moi ce que je ressentais et pourquoi, et comme si j’attendais d’elles qu’elles donnent un sens à mon expérience de vie.
Certains disaient : « la seule chose qui importe c’est de comprendre », et d’autres disaient « cela ne sert à rien de comprendre », certains disaient « il n’y a rien à faire » et d’autres disaient « quelle action peux-tu prendre ? », certains disaient « il faut lâcher prise, arrêter de lutter » et d’autres disaient « surtout n’arrête pas de te battre », certains disaient « tu es trop émotionnelle » et d’autres disaient « tu es trop cartésienne », certains disaient « tu dois reprendre le contrôle de ta vie » et d’autres disaient « tu dois laisser la Vie prendre le contrôle ». Bref, à en perdre son latin.
Alors je me suis dit, mais faut-il comprendre ou non ? Faut-il lâcher ou tenir bon ? Est-il important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ?
Et après 20 ans, je n’ai toujours pas trouvé de réponse simple à cette question, et je dirais aujourd’hui qu’il n’y a même pas de débat à avoir.
Entre psychanalyse et thérapie brève il n’y a ni gagnant ni perdant, chacune d’elle est utile et apporte des bienfaits, pour autant que l’approche soit faite dans le respect et dans l’amour. Il s’agira encore une fois d’équilibre.
La psychanalyse, qu’est-ce que c’est ?
La psychanalyse est, selon la définition classique qu’en a donné Sigmund Freud :
- un procédé d’investigation des processus psychiques, qui autrement sont à peine accessibles ;
- une méthode de traitement des troubles névrotiques ou psychotiques, qui se fonde sur cette investigation, également nommée la cure psychanalytique ;
- une série de conceptions ayant trait au psychisme, acquises par ces moyens et qui fusionnent progressivement en une discipline scientifique nouvelle.
En d’autres termes, la psychanalyse consiste à observer pour analyser vos comportements avec l’aide d’une tierce personne prenant un rôle de miroir. Selon les approches, le psychanalyste intervient de façon plus ou moins importante. Le but est de comprendre vos comportements et conditionnements et leur source inconsciente.
Le risque de l’analyse sera de se perdre dans les méandres de son histoire et de ses pensées, à analyser la vie plutôt que de la vivre, et d’en attendre une guérison alors que le but premier est la compréhension. Intellectualiser et conceptualiser a parfois comme effet secondaire indésirable de fuir ses émotions, de chercher à se contrôler et contrôler le monde qui nous entoure.
La thérapie brève, qu’est-ce que c’est ?
Il existe divers types de thérapie brève, dont l’enjeu est de privilégier le changement par l’action et le résultat. Il s’agit de se fier au processus sans nécessairement s’attarder sur la source d’un comportement. Parmi elles EMDR, hypnose ericksonienne et classique, PNL, EFT, etc
Le risque de ce type d’approche qui privilégie l’action et le résultat est que le résultat et la recherche du but deviennent une distraction pour éviter ses propres émotions et fonctionnements, et de générer une forme d’allergie au « passé ». Enfin, il s’agit de votre passé? En quoi cela pose-t-il un problème d’y aller s’il n’y a pas là quelque chose qui fait peur?
Alors les résultats sont là, mais à quel prix ? Quelles sont les parties de nous qu’il faut faire taire pour en arriver là ? Bien-sûr le contrôle et l’action apporte un soulagement, quelque chose pour remplir le vide et calmer l’angoisse, mais qu’en est-il réellement de la Vie?
Comprendre ou ne pas comprendre, telle est la question
Ainsi, il est probable que vous ne comprendrez jamais la complexité étonnante de votre cerveau et des interactions humaines et environnementales qui font que vous avez vécu une expérience d’une telle ou telle façon, et que vous avez fait tel ou tel choix. Alors oui, il y a un part de mystère qui restera toujours, et c’est parfait ainsi. De là à dire que la compréhension n’est pas nécessaire, et que chercher à comprendre son passé est inutile serait aller trop loin à mon avis. Nous avons besoin de construire une forme de puzzle cohérent de notre histoire afin de la pacifier, de nous pardonner parfois de certains choix, ou de pardonner aux autres. Savoir que chacun de nous fait toujours de son mieux à chaque instant nécessite de pouvoir comprendre ce qui peut pousser une personne à agir d’une telle ou telle façon, surtout si cette personne nous aura blessé.
Pour pouvoir vraiment s’accueillir avec bienveillance dans toutes les parties de nous, pour suivre un travail de guérison en profondeur, pour vivre nos émotions et donner un sens à une expérience la compréhension du mental est tout aussi nécessaire que la compréhension du cœur et l’acceptation.
Toutefois la guérison survient avant tout dans le lâché prise, dans l’accueil de qui nous sommes tels que nous sommes, et non tel que nous voudrions être, dans la bienveillance du cœur. Il n’est pas possible, avec toute la volonté du monde, de décider de guérir d’une blessure. Le moment où nous sommes prêts à lâcher prise, à accueillir cette partie de nous qui souffre et qui cherche à se faire entendre, ce moment-là n’est influencé ni par le fait de comprendre ou non, ni influencé par le thérapeute ou la thérapie, ce moment béni advient lorsque nous sommes prêts à ce qu’il advienne.
La seule question réellement importante sera alors qu’ai-je ressenti ? Qu’est-ce que je ressens aujourd’hui ? Quel sens puis-je donner à cette expérience ?
« Celui qui a un « pourquoi » qui lui tient lieu de but, de finalité, peut vivre avec n’importe quel « comment ». Nietzsche
Lorsque l’on va mieux, comprendre le passé devient secondaire, on se focalise sur le présent, sur la vie, et sur ce qui nous rend heureux en fonction de nos valeurs profondes. Cela n’est possible que lorsque nous sommes libérés de nos conditionnements inconscients bien évidemment. En cela n’importe quelle thérapie serait bonne à prendre.
Aller à VOTRE rencontre
Et bien alors, aucune des thérapies ne peut vous apporter la solution, elle ne peut que vous donner certains outils qui peuvent vous permettre, ou non, d’aller à VOTRE rencontre. Le seul véritable enjeu est d’apprendre à vous aimer, vous estimer, et être bienveillant avec vous-même.
Quel est votre fonctionnement votre spécificité propre, ce qui fait de vous qui vous êtes. Il est vain de chercher à changer sa nature profonde pour devenir plus conforme à ce que la société, votre entourage, voir votre thérapeute attend.
Parfois il faut apprendre à composer avec sa différence , et non chercher à devenir quelqu’un d’autre. Même une thérapie ultra-efficace ne pourra effacer votre passé, et ce que vos expériences bonnes ou mauvaises auront changé dans votre vision du monde.
Certains comportements font partie de votre spécificité, du fonctionnement même de votre système nerveux, et ces aspects-là ni une thérapie brève, ni moyenne, ni longue, ni analytique, ni quoi que ce ça, ne pourra le changer sans que cela ne génère encore plus de souffrance. Même si le système nerveux dispose d’une plasticité, il ne peut être physiologiquement changé et c’est très bien ainsi.
Si vous êtes une personne sensible voir hypersensible, il est certain que de libérer vos blessures vous aidera, mais vous ne deviendrez pas hypo-sensible pour autant. Si vous êtes introverti, vous apprendrez peut-être à vous ouvrir au monde, mais vous ne deviendrez probablement pas extraverti pour autant, et inversement bien-sûr. Les sur-efficients ou asperger ou autre spécifité liée au fonctionnement cérébral et neuronal devront faire face à leur différence et leur vision du monde particulière. Les blessures d’abandon ou de rejet vont modifier votre perception de la relation affective et parfois même la physiologie de votre cerveau, il devient alors important d’apprendre à composer avec cela plutôt que de chercher à changer. Un daltonien devra accepter que pour lui le rouge et le vert sont indissociables, sinon il risque de perdre beaucoup d’énergie sans succès, avec à la clef de la culpablité et un profond sentiment d’échec.
« Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter Les choses que je ne puis changer, Le courage de changer les choses que je peux, Et la sagesse d’en connaître la différence. » Prière de la sérénité, mouvement des AA et Al-Anon
Alors comment choisir ?
La psychanalyse s’adressera alors à un groupe de personne à la recherche de la compréhension, et non de la guérison. Comprendre les interactions et les enjeux des systèmes familiaux, les relations perverses et toxiques et les rôles que nous prenons dans ces relations nécessite une approche de type analytique.
Les thérapies brèves s’adressent au traitement des traumatismes, à la libération des blessures et aux thérapies comportementales.
Une approche combinée est probablement très bénéfique dans beaucoup de cas.