Les émotions sont mes amies, partie 1

Cet article est le premier d’une séries de plusieurs articles qui me tient particulièrement à cœur, tant pour moi l’acceptation de mes émotions a été un chemin semé d’embuches mais pourtant puissamment libérateur. Ayant travaillé dans un monde cartésien, le reproche m’a souvent été fait que j’étais « émotionnelle », comme s’il s’agissait d’une tare. Alors pendant des années je me suis culpabilisée de ressentir des émotions, et j’ai fait multiples thérapies pour m’en libérer et devenir plus « normale », plus « adaptée ».  Ceci m’a conduite vers les ténèbres, n’ayons pas peur des mots.

Alors force a été de constater que pour moi, en tant que personne sensible, me culpabiliser de ressentir des émotions n’étaient visiblement pas une solution adéquate car il s’agissait de refouler une importante partie de moi-même. J’ai été guidée sur ce chemin en la personne de mon médecin, qui m’a appris que le meilleur moyen d’être heureux dans la vie était de se reconnecter à nos émotions. Alors là, une petite graine avait été plantée.

Et si la vie était plus simple que je ne m’étais imaginé ? Et si le fait de remettre sans cesse en question ce que je ressentais en essayant de me fier à d’autres avait été une erreur ? Et si le fait d’être toujours rationnel ne rendait pas si heureux que ça finalement? Et si le fait de réfléchir autant sur le pourquoi du comment je ressentais une émotion plutôt que de simplement l’écouter m’empêchait de vivre, me coupant ainsi de ma spontanéité ?

Et si le problème n’était pas que nous ressentions des émotions, mais que nous ne les écoutions pas justement. Alors, comme le dit si justement Christel Petitcollin dans son petit livre révélateur « Emotion, mode d’emploi », nous faisons une forme de racket. Un jour la marmite déborde, et nous explosons. Alors nous nous disons : « je suis trop émotionnelle, mes réactions sont disproportionnées, je dois me méfier de mes émotions», oui mais si nous les avions écoutées dès qu’elles se sont présentées ?

Mais que se passerait-il si nous recommencions à faire confiance à ces messages subtils du corps qui nous mettent en garde plutôt que d’écouter les méandres de nos schémas de pensées, sujets au conditionnement et au besoin d’être bien élevé, conforme à des critères fixés par d’autres et adapté ?

« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. », Jiddu Krishnamurti

Les extrêmes n’étant jamais bon il ne s’agit pas de laisser ses émotions nous diriger, nous sommes au delà de nos émotions, au delà de nos pensées, nous sommes la conscience dans laquelle nos pensées et nos émotions émergent. Mais comme le disait Einstein, l’intuition est un don sacré, et la rationalité en est le loyal serviteur.

Nous sommes des êtres sensibles capables de penser

Ayant évolué plusieurs années dans le monde de l’entreprise, il a été facile pour moi de réaliser à quel point les émotions peuvent représenter un problème pour beaucoup d’individus. Dans une société qui prône la rationalisation, les émotions sont décriées et perçues comme un frein au processus de pensée, comme des empêcheuses de tourner en rond, comme de la sensiblerie, voir de la victimisation. En effet, chaque personne qui s’élève et remet en cause le système est une personne qui écoute en premier ses émotions, et non la voix de la raison ! Alors forcément… ça dérange.

Quand nous osons nous lever pour dire une émotion que nous ressentons face à une situation d’injustice, nous devenons alors une victime, une personne susceptible ou pire, émotionnelle étant dans un tel contexte un défaut bien évidemment.

Et pourtant, si nous voulons être fidèle à nous-même, il s’agit bien de se laisser porter par son instinct et son intuition, en refusant de se soumettre à la loi du conditionnement social. Sortir de ce conditionnement pour se relier à son âme, en restant en conscience et dans l’instant présent est une nouvelle façon d’être au monde, une renaissance.

Et j’irai plus loin en disant qu’il ne s’agit pas là uniquement d’affirmations d’ordre spirituel ou thérapeutique, ces propos sont soutenus par la science. Lorsque l’on étudie plus avant le cerveau et son fonctionnement on s’aperçoit que reprocher à une personne d’être émotionnelle peut-être assimilé à lui reprocher d’être humaine, tant les émotions font partie de notre nature, nature que nous partageons d’ailleurs avec les autres mammifères.

Les études sur le cerveau démontrent que chaque événement est avant d’être analysé rationnel, connoté d’un sentiment. Alors comme le dit si justement le Dr. Jill Bolte Taylor dans son ouvrage « Voyage au delà de mon cerveau », bien que beaucoup d’entre nous se plaisent à se considérer comme des créatures pensantes douées de sentiment, nous somme plutôt, à l’inverse, des créateurs sensibles capables de penser. Lorsque notre cortex cérébral, la partie la plus évoluée de notre cerveau capable de raisonnement logique, reçoit l’information en vue d’une réflexion approfondie, nous lui avons déjà attribué un sentiment ; de la peine ou du plaisir par exemple.

C’est la perversion de ses ressentis par un contrôle du mental, une culpabilisation et un jugement des émotions de base qui conduit aux pires atrocités. C’est bien parce que des êtres manquent d’empathie et de compassion que nous connaissons le meurtre et la manipulation, et certainement pas à cause des émotions en elles-mêmes. Les émotions communiquent un message qui nécessite un décodage, non un jugement. Si une émotion est, elle a une raison d’être. A nous de comprendre pourquoi.

Rôle essentiel des émotions

C’est dans un bain d’émotions et de sentiments que se développe notre cerveau. Toute la vie, par l’intermédiaire des nerfs et des hormones, il reste soumis aux aléas du corps et du monde qui l’entoure. Ainsi, le cerveau d’un adulte, bien qu’apparemment achevé, demeure en perpétuel devenir. La plasticité du cerveau nous permet néanmoins de conserver un degré de liberté et d’improvisation dans son organisation, en réponse aux sollicitations de l’environnement, ce qui permet à notre conscience d’évoluer. Et oui, les émotions en sont les maîtres d’œuvre.

Par l’intermédiaire des organes sensoriels, notre cerveau reçoit des informations sur l’environnement. Celles-ci se mêlent aux messages du corps : la vision d’une table bien garnie n’aura pas le même effet sur un dîneur repus et sur un affamé de plusieurs jours.

Inversement, notre cerveau agit sur le monde par la commande des muscles : leurs contractions coordonnées produisent des actions aussi complexes que planter un clou ou chanter un air d’opéra. Il dirige également, par le biais des hormones et du système nerveux autonome, les émotions qui agitent notre corps. Nos actions seront ainsi colorées par la teinte de nos humeurs.

Les émotions sont essentielles au processus de pensée, et un être privé de ses émotions se sentira vide, comme s’il manquait de vie, comme si la vie manquait de sens. Afin de sentir vivant tout de même, ce qui est essential pour la survie psychique de l’individu, il aura recourt à diverses stratégies qui peuvent aller de la recherche de sensations extrêmes, l’automutilation, les stratégies de jeu psychologiques, etc.

Les émotions, des messagères

Les émotions peuvent avoir une source interne (pensées) ou externe (stimuli). Elles guident notre comportement au quotidien. Leur premier rôle est de nous faire savoir ce que nous aimons ou non dans la vie (les couleurs pour la vue, un parfum pour l’odorat, une musique, etc.).

C’est en écoutant nos émotions avec intelligence, en utilisant le message transmis par elles que vous respectez vos limites et prenez en compte votre perception consciente et inconsciente d’une situation.

Les émotions nous permettent de passer à l’action. Par exemple, une personne animée d’une grande motivation, d’envie et d’impatience, va mettre en place des projets, puis les réaliser. En revanche, si des émotions telles que le doute ou la peur viennent interférer dans les projets, le passage à l’acte n’est pas garanti.

Notre cerveau utilise les émotions pour s’exprimer. Elles agissent comme des «fusibles». En effet, il arrive qu’elles deviennent très fortes voire insupportables (tristesse, peur, désespoir…), et que nous refusons alors de les écouter. Le cerveau n’a donc plus que le corps pour exprimer son stress. Il peut donc provoquer des malaises, des évanouissements ou des maladies, la dépression et le vide spirituel.

Les émotions ont donc le rôle de maintenir un équilibre entre le corps, l’esprit et l’âme. Le but serait de pouvoir «dialoguer» avec elles pour les comprendre et adapter notre comportement en conséquence.

Ecouter ses émotions n’est-ce pas régresser?

Nous ne parlons pas ici d’utiliser des émotions feintes pour manipuler autrui, mais d’écouter l’authenticité du vécu émotionnel et d’en décoder le message.

Alors me direz-vous n’est-ce pas redevenir des animaux, en proie à nos pulsions et réactions automatiques? Bien-sûr non. Mais si s’en remettre uniquement à notre mental n’était pas la solution non plus ? Et si l’équilibre, l’intelligence émotionnelle, accueillir l’émotion avec sagesse et oser l’action juste était la vérité, le chemin et la vie ?

Le naturel de l’homme n’est pas de tuer son prochain, d’être violent, de faire du mal volontairement et consciemment. Le naturel de l’homme est d’être empathique, car ceci est dans sa nature profonde, qu’il a héritée dans ses gènes, et qu’il partage avec les autres mammifères, voir même au delà. Des expériences sur les rats ont démontré que l’animal ressent un stress lorsqu’un de ses congénères proche de lui est stressé, et qu’il ressent une émotion positive en lui venant en aide. C’est bien cette émotions positive qui le motive, et non la récompense potentielle. De même, il n’est pas de la nature humaine de succomber à la violence et à la haine lorsqu’il écoute ses émotions, mais bien de succomber à l’amour et l’entraide.

C’est bien car elles manquent d’humanité que certaines personnes sont capables du pire, et bien car elles assument pleinement leur humanité que d’autres sont capables du meilleur.

De plus, lorsque notre société si développée et évoluée va à la rencontre des peuples primitifs comme nous les appelons, nous en apprenons beaucoup sur « les choses de la vie », sur ce qui est essentiel, et sur la sagesse.  Ces peuples, qui depuis la nuit des temps écoute leur instinct et leurs émotions, ne sont pas devenus des barbares sanguinolents bien au contraire. Je conseille vivement le livre de Morgan Mario : « Message des hommes vrais au monde mutant ».

Demandez-vous pourquoi écouter vos émotions serait une erreur. Parfois n’est-ce pas simplement parce que vous avez peur de faire ce qui serait peut-être le mieux pour vous ? Peur d’assumer sa différence ? Peut du conflit ? Peur de sortir des rangs ?

En conclusion

Comme le dit la bible dans Mathieu 5 :3, « heureux les simples d’esprit, car le royaume des cieux leur appartient». Et oui, en réfléchissant trop, en faisant confiance avant tout à notre mental plutôt qu’à notre instinct et aux messages de nos émotions, nous devenons des êtres sérieux et bien souvent pervers. Notre liberté d’Etre et notre spontanité s’en trouve entravées, voir éteintes.

Et si nous cessions de nier nos émotions pour faire plutôt à notre petite voix intérieure, avec sagesse et conscience ? Que deviendrait alors le monde ? Voilà qui donne à réfléchir non ? Quitte à réfléchir, autant que cela soit utile.

Sortir du conditionnement, se relier à son âme, en conscience et dans l’instant présent est une une renaissance.

Suivez dans les prochains articles le rôle de chaque émotion, comment apprendre à l’écouter et à l’utiliser intelligemment.

Pour toute question, n’hésitez pas à me contacter.

La suite au prochain épisode 😉