Eloge de la neurodiversité

Reflexions

Comme il n’y a jamais de hasard dans la vie, je viens d’apprendre que mon fils, né le 30 septembre, a la même date d’anniversaire que la journée mondiale de la neurodiversité.

« Le hasard c’est dieu qui se promène incognito » Albert Einstein

Je dois dire que je l’ai vécu comme un clin d’œil du ciel, moi qui ai choisi de quitter mon ancienne vie pour « militer » en douceur pour la condition des personnes « neuro-différentes ». Je ne voudrais pas transmettre le message que cette différence mérite plus qu’une autre d’être défendue ou accueillie, simplement que j’imagine j’ai reçu dans mon cœur cette vocation plus qu’une autre.

Devenir maman a été l’expérience la plus impressionnante de toute ma vie. Depuis l’annonce de la grossesse qui fut une immense surprise, jusqu’à l’attente interminable de la naissance, le chamboulement dans nos vies et les divers ajustements, sans parler de ma sensibilité qui a encore augmenté. J’ai dû, plus que jamais dû embrasser ma condition de personne sensible, d’autant plus que je n’ai pas mis longtemps avant de remarquer que mon enfant suivait le même chemin que ses parents.

Lui aussi montre déjà des signes de sa sensibilité et je crois que c’est aussi pour lui que je veux pouvoir être pleinement dans l’acceptation de ma condition. Mais je mentirais si je n’admettais pas que cela a fait remonter toutes les anciennes blessures liées à ma condition. Le rejet à l’école, l’anxiété, la réflexion intense et envahissante survenue très tôt, le sentiment d’avoir atterri sur la mauvaise planète, d’être bête, inadaptée, j’en passe et des meilleures. J’ai pu surmonter tout cela, je suis aujourd’hui persuadée que la haute sensibilité est un cadeau, une compétence, et que cela a contribuer à faire de moi celle que je suis devenue, et dont je suis fière. Aujourd’hui je peux dire en toute sincérité que pour rien au monde je ne souhaiterais changer cela, même si le chemin a été sinueux.

Je me souviens en effet avoir eu longtemps que le sentiment d’avoir choisi la mauvaise pilule (référence au film Matrix pour ceux qui l’ont vu, j’ai d’ailleurs appelé mon chien Néo ???? ).

Mais serais-je capable d’accompagner mon fils sur ce chemin? Y’a-t-il un moyen pour moi de lui éviter certaines souffrances ? Comment concilier avec les émotions que cela fait remonter en moi? Comment rester dans la paix et la confiance que tout se passera bien alors que moi j’ai marché sur un fil la majeure partie de ma vie ? Comment contribuer à améliorer la vie des personnes sensibles, non seulement celle de mon fils? Quels changements la société doit-elle opérer pour son évolution positive? Je suis en effet convaincue que les personnes sensibles sont des informateurs, et que ce qui est difficile pour nous, voir invivable pour nous, ne fait que révéler les écueils d’une société malade.

Mon fils que j’aime de tout mon cœur, devra-t-il lutter autant que moi, que nous ? Ou notre génération saura-t-elle donner à nos enfants le droit d’être qui ils sont ? Y’aura-t-il à l’avenir de la place pour eux dans la société ?

Je n’ai pas de réponse à toutes ces questions, mais je peux aujourd’hui prendre l’engagement d’œuvrer dans cette direction, de faire de mon mieux pour que chaque personne sensible se sente valorisée, aimée et acceptée telle qu’elle est.

Mon fils, de haut des quelques semaines de vie qu’il a déjà expérimenté sur cette terre aura su me faire évoluer comme personne auparavant. Je me réjouis de le voir grandir, de le voir s’épanouir, de le voir exprimer son potentiel.

Mon fils, ma bataille ! Je t’aime mon petit garçon.