Black Lives Matter, All Lives Matter

Ayant choisi délibérément de me préserver des médias, pour diverses raisons liées notamment au fait que je pense que nous sommes manipulés par les médias sans compter le fait que j’ai parfois de la peine à supporter certaines images, toutefois lorsque l’information est réellement importante elle finit toujours par nous parvenir.

Aussi en parcourant mon profile Facebook que j’utilise pour des raisons professionnelles notamment, j’ai pu remarquer à diverses reprises que certains de mes amis mentionnait cette citation sur leur profile : Black Lives Matter. Parmi eux une amie que j’ai rencontrée il y a longtemps dans le cadre de mon emploi dans l’industrie pharmaceutique, que mentionnait qu’étant mère d’un enfant aux origines afro-américaines elle appuyait le fait que la vie des noirs comptait.

Je me demandais alors pourquoi il était devenu important de mentionner cela sur son profile tant ce fait me paraissait irréfutable et évident, toute vie compte y compris et évidemment celle des personnes à la couleur de peau noire.

Je me suis alors intéressée un peu plus avant et ai découvert le scandale ayant actuellement lieu aux USA concernant le meurtre d’un homme afro-américain sous le genou d’un policier blanc. Il est à se questionner pourquoi à ce moment-là précis les langues se sont déliées, tant le manque d’égalité aux USA est flagrant, probablement d’ailleurs dans le monde entier. Pourquoi maintenant, pour la vie cet homme et pas les milliers d’autres qui l’ont précédé ?
Que se passe-t-il dans l’esprit de ce policier pour qu’il en vienne à agir ainsi ? Quelles sont les forces en jeu qui s’emparent de l’esprit de certaines personnes pour les pousser à commettre de tels actes ? Il y a réellement des actes que je ne peux comprendre, mais il est vrai que ma vie est bien préservée ici en Suisse ou la violence se joue plutôt à l’intérieur des murs qu’en extérieur.

J’espère en tous les cas que ce scandale posera les bases d’un changement durable des mentalités, que cela nous permettra d’évoluer et que de moins en moins de personnes sont prêtes aujourd’hui tolérée ces faits qui à mes yeux ont toujours été intolérables. Mais comment se fait-il que tout à coup le mouvement se soulève ? Quelle est la force qui a tout à coup animé ceux qui se sont ouvertement soulevés dans l’espoir de faire changer les choses ? Je ne saurais le dire, mais je ne peux que saluer et encourager ce mouvement.

En tant que future mère moi-même d’un enfant aux origines latino-américaines, seconde population la plus touchée par le racisme aux USA et probablement également en Europe, je suis heureuse que le monde qui se prépare pour lui soit meilleur que celui dans lequel je suis née, qui était déjà meilleur que celui dans lequel ma maman est née.

Pour ceux qui ont vu le film magnifique « Die göttliche Ordnung », un film suisse inspiré de la situation politique en suisse durant les années 70 concernant la lutte pour le droit de vote des femmes, il est évident que le monde qui a vu naître ma mère était encore bien intolérant et inégal vis-à-vis de la gente féminine. Une autre forme de ségrégation qui passe malheureusement encore inaperçue et cautionnée dans de très nombreuses régions du monde. J’avais moi-même déjà 13 ans lorsque le droit de vote a été imposé dans toute la suisse au niveau communal, cantonal et fédéral, par décision du Tribunal Fédéral. Bien-sûr il reste encore des barrières à franchir, mais il ne viendrait plus à l’idée de personne en Suisse de remettre en cause le droit de vote des femmes. Pourtant il a été obtenu de longue lutte et grâce au mouvement de millier de femmes qui se sont battues pour faire valoir leur droit à l’égalité et à la parole dans leur propre pays.

Aussi je crois juste de se soulever pour l’égalité, je crois juste de renoncer au cautionnement de l’injustice et de l’inégalité, quelle que soit la couleur de peau, le sexe, l’origine ethnique, la différence neuro-biologique. Et je ne parle même pas de la souffrance animale qui est encore un autre sujet poignant et bien-souvent ignoré.

Pour ma part, c’est de ma différence d’enfant hautement sensible et autiste dont j’ai souffert. J’ai senti l’exclusion, la honte d’être différente et le sentiment d’être inadaptée dans une société qui m’a bien souvent rejetée. Aussi aujourd’hui c’est pour la reconnaissance des personnes sensibles que j’essaie de poursuivre le combat, afin que les enfants sensibles de demain n’aient plus jamais à penser qu’ils devraient changer pour avoir le droit d’exister.

« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons. » Martin Luther King

Mais je crois aussi que nous devons parfois patienter jusqu’à ce que la conscience collective soit prête à agir, sans quoi nous nous épuisons à nous soulever pour des combats que le monde n’est pas encore prêt à affronter. Il est probablement nécessaire qu’un nombre suffisant de personnes se sentant guidées vers cette lutte soit atteint afin que l’énergie investie soit utile et efficace, sans quoi cela génère simplement encore plus de souffrance. Il faut donc probablement choisir ses combats.

Alors comment soutenir cette souffrance lorsque nous nous sentons impuissants ? Comment savoir quel est le juste combat à mener ? Quand est-il nécessaire de parler et à qui, de quelle façon agir? Et quand cela est-il inutile ? Il n’est certainement aisé de trouver la réponse à cette question.

Personnellement lorsque que quelque chose compte vraiment, lorsqu’il y a quelque chose que je peux faire, je le ressens comme une évidence, comme si je ne pouvais y échapper. Cela me demande toutefois du courage d’assumer ensuite ce que j’aurai pu dire ou faire. Mais finalement c’est toujours mieux que de ressasser le fait de s’être tu alors qu’on aurait peut-être pu agir pour apaiser la souffrance d’un autre être humain ou d’un animal.

« Nos vies commencent à finir le jour où nous devenons silencieux à propos des choses qui comptent. » Martin Luther King

A mon sens l’intention qui soutient nos actes est primordiale. Je crois que si j’agis dans le but de promouvoir la prise de conscience, dans le respect de chacune de vie en jeu, alors je peux me permettre de dire, ou d’agir. Si mon intention est uniquement empreinte de vengeance, dans le but de perpétuer le combat au lieu de planter les graines de la paix, autrement dit si je n’ai pas la sagesse d’attendre d’être dans l’énergie de la justice avant d’agir, alors il est probable que mes actes ne feront que mettre de l’huile sur le feu. Il faut alors développer son discernement, tenter de comprendre quels sont les enjeux, les forces qui se déchirent, et promouvoir la lumière pour chacune des parties concernées. Je crois toutefois que de cautionner de tel acte serait contre-productif.

« Ne m’invitez pas à manifester contre la guerre je ne viendrai pas, mais si vous m’invitez à manifester pour la paix je serai là » Mère Teresa

« Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à entendre un message qu’il n’est pas prêt à comprendre, mais ne sous-estimez pas le pouvoir de planter une graine » Auteur Inconnu